Un emplacement prestigieux, une façade historique et un intérieur à grand potentiel. C’est un ensemble garni de beaux atours mais défraichi par le temps que FRESH architectures vient de réhabiliter avec une infinie habileté. Le résultat est tout simplement édifiant.
Par Sipane Hoh

Au cœur d’un quartier illustre, non loin de monuments emblématiques telles que la Colonne Vendôme et l’Opéra Garnier, se trouve la rue de la Paix. Celle qui doit son nom à la signature du traité de paix de 1814 entre la France et d’autres grandes puissances après la première abdication de Napoléon Ier, a su conserver, au fil du temps, la tradition du luxe français. C’est donc dans un contexte spécifique, aux entourages significatifs, que prend place l’hôtel particulier réhabilité par FRESH architectures.


Le bâti existant, construit en 1830 sur l’emplacement d’un ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle, a été conçu dans un style néoclassique caractérisé par des modénatures d’époque. Néanmoins, connaissant de nombreuses transformations, l’ensemble possédait des qualités architecturales indéniables que les architectes ont souhaité révéler. Certains changements passés, comme la création de l’atelier vitré du rez-de-chaussée ou l’ajout du sixième étage par l’architecte Trubert pour y installer l’atelier du célèbre photographe André Taponier marqué par trois grandes ouvertures et un fronton Art déco, ont changé la physionomie de l’ouvrage. Semblable à d’autres interventions, comme la réalisation de l’escalier central, la surélévation d’un étage pour le bâtiment en cœur d’îlot et des évolutions multiples à prendre en considération.


Un exercice délicat
Le programme est complexe mais passionnant selon Julien Rousseau, co-fondateur et associé de FRESH architectures, qui possède l’expertise de ce genre d’intervention. Rappelons que l’agence dispose d’une multitude de références de réhabilitations lourdes pour des emplacements célèbres. Malgré tout, l’exercice reste délicat et les surprises, rencontrées lors de chaque curage, se suivent mais ne se ressemblent pas. L’immeuble de la rue de la Paix se compose de deux bâtiments principaux. Tandis que l’un des édifices donnant sur la rue héberge des commerces en rez-de chaussée rehaussés de bureaux, celui qui prend place en cœur d’îlot accueille des bureaux et nécessitait une remise aux normes de sécurité incendie. Notons par ailleurs l’existence de plusieurs excroissances et de bâtiments bas, qui créent une certaine hétérogénéité ainsi qu’un ensemble fragmenté et mal connecté. Sans parler des interventions diverses qui ont changé l’aspect du bâtiment d’origine. La tâche des architectes est donc laborieuse, il a fallu étudier minutieusement chaque intervention, chaque acte pour redonner à l’ouvrage la cohérence souhaitée sans oublier le programme destiné à la création d’un ensemble mixte intégrant des commerces en rez-de-chaussée et des bureaux flexibles, distribués entre les deux entités du bâtiment historique.


Magnifier l’existant
Au travers d’interventions que l’on peut qualifier de chirurgicales et d’un jeu savant entre l’ancien et le nouveau, FRESH architectures a magnifié l’existant. Ainsi, grâce à une remise à jour des ornements d’origine, la façade sur rue retrouve son cachet des années 1830. Les architectes ont habillé les façades de passerelles situées en cœur d’îlot et de nouveaux éléments vitrés. Ceux-ci, inspirés par l’esthétique Art déco, ressemblent à des murs-rideaux dont les vagues amplifient agréablement le jeu de lumière à l’intérieur de l’édifice. Tandis que les deux cours intérieures ont été dépouillées des excroissances architecturales incommodes, deux passerelles tissent le lien entre les bâtis, facilitent certains accès et augmentent la surface et la variété d’usages du programme. Ce dernier est doté de bureaux supplémentaires ainsi que de deux terrasses végétalisées en toiture accessibles à tous les usagers. À l’intérieur du premier corps historique, les architectes ont créé une circulation verticale qui non seulement facilite la mobilité mais répond aussi avec brio aux exigences normatives et sécuritaires du bâtiment. Stéphane Pereira, l’un des architectes associés de l’agence, souligne à son tour la qualité des espaces retrouvés sous les couches successives. Les volumes révélés sous les différentes strates de l’histoire se trouvent ainsi magnifiés grâce à l’intervention de FRESH architectures. Au 12, rue de la Paix un nouvel écrin d’excellence est né !
Toutes les photos : © Christophe Caudroy