C’est l’ambitieux programme de la démolition et reconstruction d’une école maternelle située au nord de Tours, dans un quartier en mutation et constituée de cinq classes, qui a donné naissance à un véritable projet vertueux. Ce dernier, grâce à l’intervention d’ALTA Architectes Urbanistes (Maxime Le Trionnaire et Gwénaël Le Chapelain désormais associés à Fanny Larhantec et Aurélie Morel), s’est doté d’une multitude de bons procédés et il est prêt pour durer.
Par Sipane Hoh
Lancé à l’initiative de la commune de Tours, à la fin de l’année 2020, l’appel d’offres visait la démolition et la reconstruction d’un immeuble édifié dans les années 1960. L’ensemble, qui présentait une hétérogénéité d’échelles et de typologies de bâti, avait besoin d’une grande remise aux normes, d’une réhabilitation lourde doublée d’une requalification sensible pour pouvoir continuer d’exister. Les architectes d’ALTA, rompus à ce genre d’exercice complexe, ont travaillé en étroite collaboration avec les paysagistes de l’agence FAAR. Et ce pour engendrer de nouveaux espaces extérieurs, qui non seulement ancrent le projet dans son contexte paysager, mais rend aussi hommage au patrimoine naturel alentours. C’est en conjuguant gestion écologique et valorisation de la biodiversité avec les destinations extérieures prévues pour les utilisateurs des lieux que la construction actuelle a pris forme. Composé d’une salle de motricité, de salles de classes et de repos, de salles périscolaires, d’autres pour le RASED (réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté), d’un restaurant scolaire, d’une bibliothèque, d’un citystade, ainsi que la rénovation du gymnase et divers aménagements paysagers qui participent à l’éveil ludique des enfants, l’équipement scolaire fraîchement requalifié ouvre une nouvelle page de son histoire.
Nichée au sein d’un écrin de nature et enveloppée dans son manteau végétal, la nouvelle école n’est pas sans rappeler les cabanes d’autrefois posées avec soin au sein des jardins familiaux. Il s’agit d’un archétype très apprécié des enfants et aussi des parents. Nous avons tous une bonne raison d’aimer ces lieux ressemblant à des granges qui surprennent et alimentent l’imagination. C’est en se servant de cette image que les architectes ont reconstitué l’existant, bâti les nouveaux espaces et réaménagé tous les composants. L’ensemble, désormais constitué de trois corps de bâtiment accueillant respectivement l’espace de restauration, les salles de classe et le gymnase (réhabilité), se caractérise par son horizontalité et sa sobriété. Prenant place au cœur d’une étroite parcelle tirée en longueur, l’école Jean de la Fontaine présente désormais une superficie de 1 948 m² et rétablit le lien avec l’environnement paysager.
Dans leur geste architectural, teinté de sensibilité, les architectes d’ALTA ont privilégié l’utilisation de matériaux naturels comme le bois et la paille. L’imaginaire de la cabane en bois est ainsi soutenu et le confort et le bien-être des usagers est toujours valorisé. Biosourcés, sans composants organiques volatiles, issus de circuits courts, les divers matériaux choisis favorisent la préfabrication comme mode d’emploi et l’économie circulaire. Les architectes soulignent également le fait que tant les matériaux constructifs que les éléments de finition ou encore les isolants, tous les produits mis en œuvre dans la construction de l’école ont fait l’objet d’un sourcing rigoureux, en adéquation avec les principes de la conception bioclimatique. De même, les architectes ont eu recours à l’isolation en paille qui vient compléter la majorité du gros œuvre réalisé en ossature bois. Concernant les éléments de bardage verticaux, le pin du Nord a été sélectionné, une matière déjà employée localement. Le bois adopté par les architectes est de teinte sombre. Il est thermo chauffé et lasuré, ce qui favorise sa durabilité tout en anticipant son vieillissement. Dans cette réalisation complexe, plusieurs procédés durables ont été mis en application. Nous pouvons, par exemple, citer la chaufferie bois et son énergie à biomasse ou encore la ventilation naturelle qui, ajoutées aux autres astuces, hissent l’école Jean de la Fontaine de Tours vers l’excellence en matière de sobriété et d’économie de construction. Ce qui a valu au projet le label E+C- avec un score méritant : énergie positive 3 et réduction carbone 1. Économe et vertueuse, la réalisation d’ALTA à Tours est un condensé de bons procédés mis au service de ses usagers.
Toutes les photos : © Charly Broyez