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Et la lumière fut sur le château de Villers-Cotterêts

20 juin 2024

Visitons la Cité de la langue française, un ancien château à l'histoire mouvementée, récemment remanié par les architectes de l'agence Projectile, établie à Paris. 

C’est une lumière séculaire, celle de la langue française, qui rayonne aujourd’hui au sein d’un ancien château situé à Villers-Cotterêts. Un ensemble récemment remanié par les soins de l’agence d’architecture parisienne aux références cosmopolites, Projectile. Le château d’autrefois, défraîchi, devient ainsi la Cité internationale de la langue française.

Par Sipane Hoh

 



Ayant subi de nombreuses transformations depuis son édification, le château de Villers-Cotterêts entame aujourd’hui un nouveau chapitre. L’ensemble majestueux aux divers décors, devenu autrefois un lieu de villégiature royale puis maison de retraite en passant par plusieurs destinations et étapes intermédiaires, a été laissé à l’abandon depuis 2014. C’est en 2018 qu’Emmanuel Macron, Président de la République, a confié la restauration du château au Centre des monuments nationaux avec le projet d'y créer la Cité internationale de la langue française. A son tour, le Centre des monuments nationaux, maître d'ouvrage de l'opération, a mandaté Olivier Weets, architecte en Chef des Monuments Historiques pour la partie restauration d’un monument classé, ainsi que Projectiles (Reza Azard, Hervé Bouttet, et Daniel Mészáros) pour les aménagements intérieurs, l'auditorium, le design du mobilier et la scénographie du parcours permanent.

 

A noter que Projectiles est mandataire d'un groupement constitué par TPFIngénierie, Altia, Changement à vue, Lundi 8, CL Design, 8’18’’ lumière et Adéquat. Des professionnels qui ont mis leur connaissance et aussi leur savoir-faire en diapason pour un résultat remarquable. La Cité internationale de la langue française rayonne bien au-delà de Villers-Cotterêts. Il s’agit d’une institution à part entière qui s’ouvre à tous. Un lieu de passage, de rencontre, bref de culture qui crée une certaine perméabilité entre le château, la ville et le territoire.

 

 

 

 

 

Après quatre ans de travaux dont une restructuration lourde et complète, l’ancien pavillon de chasse de François Ier se caractérise par le jeu savant de plusieurs parcours qui se suivent. Le cœur palpitant est constitué de la cour du Jeu de Paume, un lieu majestueux surmonté d’une verrière qui se caractérise par une remarquable installation en sous-face. Il s’agit d’une constellation allégorique, où nous pouvons découvrir quatre-vingt-neuf mots choisis à travers des ateliers participatifs avec la population locale, dont certains éclairés la nuit, se projettent sur les murs. Nous avons l’impression de traverser une séquence de sciences fiction ou peut-être même un jeu vidéo sous une pluie d’expressions magiques en suspension. L’ensemble aussi subtil que gracieux a été nommé par l’Atelier Projectiles « Le Ciel lexical ».

 

Néanmoins, ce dernier consiste bien en un espace réel convivial et vivant, où les visiteurs peuvent aussi se poser, discuter, déambuler ou tout simplement assister à divers évènements comme des expositions, des lectures ou des représentations. Les architectes, après avoir étudié le parcours de la lumière à travers la verrière, ont proposé une installation qui change d’intensité selon les heures de la journée ou les divers moments de l’année. La surprise est au rendez-vous !

 

 

 

 

 

Une déambulation inspirée


A l’étage, le visiteur peut découvrir, au fil de sa visite, une exposition permanente organisée en trois temps. Elle se déploie sur un parcours de 1 300m² rythmé et diversifié, tout en maintenant une écriture continue, occupant quatorze salles mettant en avant la diffusion du français dans le monde. « Pour nous, il fallait que le projet soit accessible, joyeux, intemporel. Tous les éléments de propos ont été pesés, dessinés, remis en situation, recontextualisés par rapport à d’autres contenus créés plus tard, avec de la diversité car la langue se renouvelle sans cesse. Il fallait qu’il y ait de la surprise en permanence. » souligne Hervé Bouttet, l’un des cogérants de Projectiles qui est également architecte d’intérieur et scénographe. Consciente de faire le bon choix, l’agence d’architecture aux références confirmées a opté pour un mobilier constitué principalement de Corian, un matériau pérenne qui permet un large éventail de configurations grâce à sa vigueur et sa facilité d’entretien.

 

Notons que, malgré leur aspect innovant et les choix qui s’adaptent parfaitement au lieu, les différents éléments ajoutés égayent le contexte. De même, chaque salle est caractérisée par un dispositif expérientiel majeur, à la fois ludique et pédagogique, octroyant à chacune des pièces une ambiance différente et singulière. Ainsi, le visiteur peut, au gré de sa balade, dénicher plusieurs supports pour se documenter, participer à des jeux interactifs, parcourir les titres d’œuvres incontournables, découvrir la bibliothèque numérique qui comprend les archives numérisées de notre histoire, et aussi écouter les soixante-douze langues régionales, regarder un extrait d’une pièce de Molière retranché derrière un rideau opaque de couleur rouge et de consonance théâtrale. Après avoir expérimenté plusieurs dispositifs du monde virtuel qui le ramène vers le passé, le visiteur aperçoit la chapelle, traverse l’escalier de la Reine aux décors Renaissance et part à la découverte du parc de cinquante-trois hectares. Rappelons qu’un espace pédagogique, situé au deuxième étage, permet au public la découverte du travail des artistes résidents. Tout a été étudié, pensé et réalisé pour perpétrer l’histoire de la langue française.

 

 

 

 

 

Une mise en lumière coordonnée


Elaborée par l’agence 8’18’’, la mise en lumière des aménagements intérieurs et aussi de la totalité de la Cité, a été minutieusement réalisée dans le but d’offrir au public une véritable invitation à la découverte. La mise en lumière a été imaginée pour créer une harmonie visible à toutes les échelles. Rompue à cet exercice complexe, l’agence 8’18’’ a su trouver un habile équilibre qui met l’architecture et la mise en scène lumineuse au diapason, tout en défendant une installation respectueuse de son environnement.

 

Respecter le patrimoine, le magnifier tout en utilisant une technologie intelligente et novatrice est le mot d’ordre d’une démarche artistique triomphante. Tantôt subtile, tantôt soutenue, inlassablement présente, l’existence de la lumière va de pair avec le reste. Intrinsèquement liée à la scénographie des lieux, la mise en scène lumineuse transporte et dévoile. A Villers-Cotterêts, dans un écrin historique de grande valeur, la langue française révèle ses plus beaux atours !

 

Toutes les photos : © Sébastien Veronese




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