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Ingrid Taillandier, académicienne mais pas que

16 décembre 2021

Le 20 octobre dernier, l’architecte Ingrid Taillandier, qui dirige depuis 2006 l’agence parisienne ITAR, vient d’être installée à l’Académie d’Architecture.
A cette occasion, elle a prononcé l’éloge de Pierre Parat, qu’elle remplace. Rencontre avec une architecte opiniâtre, qui a réalisé depuis le début de sa carrière, un grand nombre de projets soucieux du bien-être d’autrui.

 

Par Sipane Hoh 

 


© Gaëla Blandy



Un parcours exemplaire

Diplômée de l’École d’architecture de Paris-Belleville et d’un master de l’Université de Columbia à New York, Ingrid Taillandier est devenue Architecte DPLG en 2000. Dès lors, l’architecture, l'écriture et l'enseignement sont devenus indissociables pour l’architecte au double parcours. En effet, ce dernier lui a apporté une certaine richesse et un autre regard sur la ville en général et l’architecture en particulier. Aujourd’hui, l’agence ITAR, établie à Paris, au 66 rue de Turenne, dans un ancien garage automobile datant de 1930 reconverti par l’architecte, aborde divers projets qui traitent avec la densité, sous toutes ses formes, formidable savoir-faire des architectes pour renouveler durablement les villes. A noter par ailleurs, que l’architecte est très engagée sur la question du logement, comme sa participation à la Tribune sur la loi Élan parue dans le JDD et au rapport LEMAS. De même, elle est membre du groupe interministériel sur la qualité du logement social, et membre du comité d’orientation d’IDHEAL (Institut des hautes études pour l’action dans le logement).

 

Ingrid Taillandier n’a jamais caché son intérêt pour les immeubles de grande hauteur. C’est certainement dû à la période qu’elle a passée aux Etats-Unis, où lors de son année de césure, elle a suivi des cours d’histoire de l’art et de l’architecture en auditrice libre, entre autres, à l’université du Missouri. Un pays qui a compté beaucoup dans ses choix et ses décisions et où elle est retournée pour compléter son master d’architecture. Rappelons que l’architecte a été commissaire scientifique avec Olivier Namias, de l’exposition « L’invention de le Tour européenne », présentée à Paris au Pavillon de l’Arsenal en 2009.

 

Après un parcours exemplaire de plus de vingt ans entre réalisations et enseignements, Ingrid Taillandier vient d’être élue académicienne. « C’est toujours agréable d’être reconnue par ses pairs », souligne l’architecte qui compte apporter tout son savoir et son appui à l’institution. Notons que, lors de son installation, son éloge a été lue par Christiane Schmückle-Mollard. Et, Ingrid Taillandier a rendu, selon l’usage, hommage à Pierre Parat.

 

 


© Sergio Grazia

 


© Sergio Grazia

 

 

Allure

L’agence ITAR a réalisé une multitude de projets, comme la tour Allure, un ensemble de logements réalisés dans le quartier des Batignolles, en collaboration avec l’agence Fresh Architectures, un projet qui a reçu diverses distinctions dont la mention spéciale du Duo@Work 2018. En effet, située sur un terrain triangulaire de forme complexe, entre le parc Martin Luther King et la nouvelle route construite 10 m plus haut, au-dessus de la voie ferrée, la tour d'appartements de 50 mètres de haut, ressemble à une proue de navire. Elle bénéficie d'une vue extraordinaire sur le quartier d'affaires de La Défense d’une part, de la tour Eiffel et la Basilique du Sacré-Cœur d’autre part. Tous les appartements bénéficient d'une orientation double ou triple, et se prolongent par de généreux balcons. Ces derniers, variant d’un étage à l’autre, créent un effet dynamique très agréable de loin. Par ailleurs, les espaces communs, que sont le studio et le Kitchen club à l'extérieur du 1er étage, ainsi que la buanderie au sous-sol, améliorent le bien-être de ses habitants.

 

 


© 11h45



© 11h45

 

 

Boulevard Ney

De même, parlons des 72 logements sociaux, de la crèche et des deux commerces situés au 88, boulevard Ney, à Paris. Il s’agit d’un ensemble taillé pour le lieu, une réalisation qui adopte la parcelle avec tact et met en avant le bien-être des usagers. Le programme est néanmoins complexe mais l’architecte a manié les diverses données avec dextérité pour un résultat séduisant. Les intérieurs modulables, à la fois généreux et très lumineux, forment un ensemble incontestablement réussi. Tandis que les angles droits sont adoucis par des arrondis, le jeu des formes et des textures, dévoile un véritable savoir-faire. Parmi les astuces qui retiennent notre attention, l’utilisation de la brique selon son emplacement. En effet, les angles des façades et les garde-corps des terrasses et des loggias sont constitués d’un assemblage savant de briques ajourées, octroyant des espaces intimes aux habitants. De même, les trumeaux remplis par un assemblage géométrique de briques, donnent l’impression d’une façade dynamique. Un travail recherché de la matière qui démontre le souci des détails et hisse l’ensemble vers un haut niveau d’élégance.

 

 


© Gaëla Blandy



© Gaëla Blandy

 

 

Lyon Part-Dieu

L’agence ITAR vient tout juste de livrer une tour résidentielle de 57 mètres située à Lyon, au croisement de la rue de la Villette et du cours Lafayette. Le projet, réalisé en collaboration avec l’agence d’architecture SUD architectes qui a suivi le chantier, prend place au pied du métro, à deux pas de la gare Lyon Part-Dieu et s’insère avec brio au tissus dense du quartier. L’ensemble surplombe le cœur de l'îlot, qui offre aux habitants un paysage frais et paisible. Il s’agit en effet d’un programme complexe où la tour coexiste avec une résidence de jeunes travailleurs, des bureaux, un centre diocésain et une chapelle. Ingrid Taillandier, encore une fois et fidèle à ses principes, a conçu des appartements bénéficiant de généreuses ouvertures assurant un ensoleillement naturel et une vue imprenable sur les Alpes. Par ailleurs, les étages supérieurs bénéficient de terrasses privatives. Le foyer des jeunes travailleurs occupe un édifice plus bas identifiable par sa façade lisse. Il contient des studios et des appartements partagés et bénéficie d’une terrasse commune avec de généreuses plantations.

 

 


© Gaëla Blandy



© Gaëla Blandy

 

 

Habitare

En 2017, Ingrid Taillandier a publié le livre « Habitare » qui, à travers le regard de la photographe Gaëla Blandy, explore la capacité d’appropriation des habitants et les différentes réalisations de l’agence ITAR, dont le fil conducteur se résume en espaces de circulation éclairés naturellement, espaces partagés et espaces extérieurs privatifs généreux. La publication du livre a été couplée à une exposition qui a rencontré du succès à l’international (Hambourg, Valencia). Suite à la période post pandémique, tandis que certaines agences d’architecture développent une nouvelle démarche, plus généreuse et accueillante, pour tout ce qui touche l’architecture en général et les logements en particulier, les fondamentaux de l’agence ITAR et surtout le livre « Habitare » peut devenir l’un des exemples à suivre pour toute architecture en devenir. A noter que l’architecte travaille sur une trilogie sur ses opérations de logements livrés, une série qui verra le jour au printemps prochain. Passionnée par son métier, sensible et attentive à l’impact de ses réalisations sur autrui, l’architecte qui vient de devenir académicienne, continue la route qu’elle a tracé avec sobriété et humilité.

 

 

Ingrid Taillandier, académicienne mais pas que
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